MONTRÉAL, 24 FÉVRIER 2022 – Malgré des avancées au chapitre du partage des responsabilités familiales entre les femmes et les hommes au cours des dernières années, les mesures de conciliation famille-travail seraient toujours plus largement utilisées par les femmes que les hommes dans plus du tiers des milieux de travail québécois, selon les résultats de deux récents sondages réalisés grâce au soutien du Secrétariat à la condition féminine.
Dans le premier coup de sonde, réalisé en novembre dernier par la firme Léger pour le compte de l’initiative Concilivi auprès de 1 000 employeurs québécois, 49% de ces derniers indiquent que les mesures de conciliation famille-travail offertes dans leur organisation sont utilisées autant par les hommes que les femmes, alors que 34% indiquent qu’elles le sont « surtout par les femmes ». Un constat largement corroboré par un autre coup de sonde réalisé en janvier par la firme SOM pour le Regroupement pour la Valorisation de la Paternité, cette fois-ci auprès de 1 042 pères québécois d’enfants de moins de 18 ans occupant un emploi qui, dans une proportion de 38%, indiquent que les mesures sont utilisées surtout par les femmes dans leur milieu de travail.
SONDAGE AUPRÈS DE 1042 PÈRES D’ENFANTS DE MOINS DE 18 ANS >>
SONDAGE LÉGER AUPRÈS DE 1000 EMPLOYEURS QUÉBÉCOIS >>
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Des barrières qui subsistent
Si la crainte du jugement de la part des supérieurs (23%) ou, dans une moindre mesure, de la part des collègues (15%) comptent parmi les principaux freins à l’utilisation des mesures de conciliation famille-travail par les pères interrogés par SOM, ce serait d’abord la perte de revenu associée à l’utilisation de certaines mesures (par exemple, des congés sans salaire) qui expliquerait l’hésitation de certains hommes, du moins selon 42% des répondants.
L’importance accordée aux normes et aux attentes en milieu de travail compte aussi parmi les principaux freins mentionnés (23%). Du côté des employeurs interrogés par Léger, on pointe également le manque de valorisation du rôle du père quant aux responsabilités et à la vie familiale parmi les obstacles importants (22%)
Selon Raymond Villeneuve, directeur général du Regroupement pour la Valorisation de la Paternité (RVP), un organisme voué à la promotion de l’engagement paternel qui a commandé la réalisation des deux sondages, ces résultats montrent l’écart qui existe entre le désir des pères d’être pleinement engagés auprès de leurs enfants et la représentation sociale qui est faite de leur rôle.
« Les pères sont encore peu présents dans les politiques publiques et les services de soutien aux familles, et cela se répercute sur la valorisation de leur rôle dans la société. Les milieux de travail, et particulièrement ceux à prédominance masculine, n’ont pas tous le réflexe de se dire que la conciliation famille-travail, ça concerne aussi leurs travailleurs masculins », analyse-t-il.
Levier majeur d’attraction et de rétention
Ces données sur la conciliation famille-travail au masculin sont d’autant plus révélatrices qu’elles sont présentées dans un contexte où plusieurs secteurs économiques sont frappés par une pénurie de main d’œuvre et qu’il s’agit d’un élément ayant un impact majeur sur la satisfaction en emploi, sur la rétention et sur l’attraction d’employés.
En effet, dans le sondage SOM, 88% des pères interrogés indiquent que la mise en place de mesures de conciliation famille-travail a un effet positif sur leur satisfaction en tant qu’employés. La même proportion (88%) affirme que ces mesures les incitent à demeurer plus longtemps chez le même employeur, et pas moins de 62% disent être prêts à changer d’emploi pour obtenir de meilleures conditions à cet égard.
De nouvelles solutions face aux défis de la conciliation famille-travail
La professeure en gestion des ressources humaines à l’université TELUQ, Diane-Gabrielle Tremblay, qui a assuré la direction scientifique des deux sondages, espère que ces données inciteront les employeurs à amorcer une réflexion pour réduire les barrières à l’utilisation des mesures de conciliation famille-travail, particulièrement chez les hommes, afin de favoriser une plus grande égalité dans les milieux de travail.
« Au-delà de l’ajout de congés, des horaires flexibles ou du télétravail, plusieurs aspects de l’organisation du travail peuvent être pris en considération, comme de la formation, de la sensibilisation, la promotion de modèles masculins positifs ou encore tout ce qui touche aux mécanismes de promotion et d’avancement de carrière. Il s’agit d’assurer un climat de travail qui favorise la participation des pères aux mesures », avance-t-elle.
Selon les pères interrogés par SOM, la présence de meilleures compensations financières (mentionnée par 50% des répondants), une meilleure communication des mesures offertes (35%), des congés de paternité réservés aux pères (27%) et une plus grande formalisation des mesures offertes (par opposition à des accommodements accordés au cas par cas, 26%) comptent aussi parmi les incitatifs jugés les plus intéressants.
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Source : Regroupement pour la Valorisation de la Paternité
Diane-Gabrielle Tremblay, Professeure, École des sciences de l’administration
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Christian Bélanger, Agent de communications
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