Une plus grande détresse psychologique chez les pères ayant des enfants à besoins particuliers

MONTRÉAL, 16 FÉVRIER 2023 – Une nouvelle étude qui pose un rare regard sur l’expérience des pères québécois ayant des enfants à besoins particuliers montre que ceux-ci connaissent un parcours jalonné de difficultés qui rend plus compliqué l’exercice du rôle de parent. L’étude révèle un taux de détresse psychologique significativement plus élevé chez ces pères, comparativement à l’ensemble des pères québécois.

Ces constats sont issus d’une enquête réalisée par SOM en mars 2022 pour le compte du Regroupement pour la Valorisation de la Paternité (RVP), auprès d’un échantillon de 907 pères québécois d’enfants ayant déjà été aux prises avec un ou des problèmes comme une incapacité physique ou un problème de santé chronique, un retard de développement global, un trouble de langage ou de la parole, un trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, un trouble anxieux ou dépressif, un handicap physique ou sensoriel ou un trouble du comportement.

Selon l’enquête, 17 % de ces pères présentent un indice de détresse psychologique élevé, alors que la moyenne pour l’ensemble des pères se situe à 13 %, un écart statistiquement significatif. Autre écart préoccupant, 11 % de ces pères mentionnent avoir eu des idées suicidaires dans la dernière année, alors que la moyenne se situe à 7 % pour l’ensemble des pères. L’idéation suicidaire est généralement considérée comme le signe d’une grande détresse.

 

<< CONSULTEZ LE RAPPORT COMPLET ICI >>

 

Des problèmes plus difficiles à résoudre

L’enquête, l’une des plus vastes du genre jamais réalisée auprès des pères québécois, décortique une variété de déterminants de la vulnérabilité. Pour les pères d’enfants à besoins particuliers, comparativement à l’ensemble des pères, l’aiguille oscille à la hausse sur pratiquement tous ces indicateurs, suggérant un parcours plus difficile.

Cela se reflète entre autres dans une confiance parentale moins grande et une difficulté accrue, pour ces pères, à résoudre les problèmes liés à l’éducation de leurs enfants. Dans l’ensemble, 39 % des pères ayant des enfants à besoins particuliers mentionnent cet enjeu, comparativement à 28 % chez l’ensemble des pères.

Leur relation coparentale semble aussi être davantage mise au défi, les taux d’insatisfaction allant de 19 % à 23 % selon les dimensions de la coparentalité, alors qu’ils varient entre 13 % et 18 % chez l’ensemble des pères. En outre, ces pères rapportent bénéficier d’un moins bon soutien de leur entourage.

« Les données nous suggèrent qu’avoir des enfants à besoins particuliers complique l’exercice du rôle de parent pour ces pères, et cela se répercute non seulement sur leur sentiment de confiance personnel en tant que parent, mais également sur la qualité de leur relation avec leur coparent et même leur entourage. Avec, pour conséquence, un plus grand risque de détresse psychologique et une résilience plus faible », explique le professeur Carl Lacharité (UQTR), qui a assuré la direction scientifique de l’étude.

 

Mieux connaitre leurs réalités pour mieux les soutenir

Rare éclairage positif de l’enquête, les pères d’enfants à besoins particuliers semblent plus proches du dispositif de services psychosociaux. Le taux de consultation au cours de la dernière année s’élève à 21 %, comparativement à 14 % parmi l’ensemble des pères. Cela constitue une opportunité de resserrer le filet de protection autour d’eux, encore là faut-il que le dispositif de services soit sensible à leur réalité souligne Carl Lacharité.

« Il semble clair que ces pères ont besoin d’être davantage soutenus afin de pouvoir résoudre plus facilement les difficultés qu’ils rencontrent et pour favoriser une plus grande résilience chez eux. Cela renforce l’importance, comme le fait cette étude, de mieux documenter leurs réalités, car on possède très peu de données sur ces pères. Ces connaissances sont un préalable essentiel à l’adaptation des pratiques dans les milieux d’intervention », affirme le chercheur.

 

Quelques données-clés de l’étude

DÉTRESSE ET RÉSILIENCE PÈRES D’ENFANTS À BESOINS PARTICULIERS
(n=907)
ENSEMBLE DES PÈRES
(n=2 119)
ÉCART
(EN %)
Indice de détresse psychologique élevé 17 % 13 % + 31
Idéation suicidaire au cours de la dernière année 11 % 7 % + 57
Indice de résilience faible 22 % 17 % + 29
 

MANQUE DE CONFIANCE
(% PLUTÔT/TOUT À FAIT EN DÉSACCORD)

Problèmes faciles à résoudre 39 % 28 % + 39
Serait un bon exemple pour un nouveau père 15 % 11 % + 36
Possède toutes les habiletés nécessaires 12 % 9 % + 33
Éducation qu’il donne à la hauteur de ses exigences 12 % 9 % + 33
Tout à fait à l’aise dans son rôle de parent 11 % 7 % + 57
 

RELATION COPARENTALE INSATISFAISANTE
(% TRÈS INSATISFAIT)

La relation en général 19 % 13 % + 46
Qualité des communications 23 % 16 % + 44
Sentiment d’être valorisé 23 % 18 % + 28
Partage des tâches 21 % 14 % + 50
Partage d’une vision commune de l’éducation 20 % 14 % + 43
 

AIDE DE L’ENTOURAGE
(% RAREMENT OU JAMAIS)

Parents 66 % 59 % + 12
Beaux-parents 71 % 64 % + 11
Autres membres de la famille 74 % 69 % + 7
Amis 81 % 76 % + 7
 

CONSULTATION DES RESSOURCES D’AIDE PSYCHOSOCIALE

Ont consulté une ressource dans la dernière année 21 % 14 % + 50
Sauraient où se tourner en cas de problème personnel 75 % 73 % + 3

 

<< CONSULTEZ LE RAPPORT COMPLET ICI >>

 

Méthodologie

À la demande du Regroupement pour la Valorisation de la Paternité (RVP), un sondage SOM portant sur la vulnérabilité dans le contexte de la paternité a été réalisé auprès de 2 119 pères québécois entre le 1er et le 11 mars 2022. Une analyse a été effectuée à partir d’un sous-échantillon de 907 répondants ayant indiqué avoir un enfant qui a déjà été aux prises avec des problèmes comme une incapacité physique ou un problème de santé chronique, un retard de développement global, un trouble de langage ou de la parole, un trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, un trouble anxieux ou dépressif, un handicap physique ou sensoriel ou un trouble du comportement. Les personnes ciblées pour participer à cette étude étaient les pères québécois ayant au moins un enfant de moins de 18 ans et qui s’identifiaient à ce rôle parental.

 

– 30 –

 

Pour plus d’informations ou pour des entrevues :

Christian Bélanger
[email protected]
(438) 933-0545